Guadalcanal :
La bataille de « Bloody Ridge »
(La Crête Sanglante)
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Après les opérations préliminaires et le débarquement, la 1ère division de Marines du général Vandegrift tient une modeste enclave soumise aux coups de boutoirs des forces combinées japonaises. Le lieutenant général Hyakutake commandant la XVII’ Armée dans le sud du Pacifique reçut l’ordre d’« éliminer » les Américains. Il confia cette mission à la XXXVe brigade d’infanterie du major général Kawaguchi. Mais cette brigade n’était pas encore rassemblée et il fut décidé d’envoyer sur place, en deux échelons, les seules unités immédiatement disponibles, le régiment du colonel Ichiki et une unité spéciale de débarquement de la Marine impériale. L'aérodrome d'Henderson Field est réhabilité grâce aux matériels pris aux japonais. Rapidement, les Marines doivent faire face aux hommes d'Ichiki lors de la furieuse "bataille de Tenaru" (fin août 1942).
Les renforts japonais aflluaient. Le gros des forces du général Kawaguchi avait déjà pris le chemin de la jungle ; la seconde attaque japonaise était donc imminente. Vandegrift estimait que l’effort principal de l’ennemi porterait sur la ligne de crêtes située au sud d’Henderson Field. Il y envoya les commandos, les paras et sa seule réserve non encore engagée, un bataillon de marines.
Le 12 septembre à midi, Vandegrift sut que son idée était bonne : les bombardiers japonais s’acharnèrent non pas sur la piste d’Henderson Field mais sur le relief qui la borde au sud. Peu après la tombée de la nuit, un croiseur et trois destroyers japonais ouvrirent le feu sur les crêtes et, dès la fin des tirs, les troupes de Kawaguchi tentèrent l’assaut. Elles réussirent à encercler une section de marines, qui put toutefois se frayer un chemin jusqu’aux positions amies.
A l’aube, les Américains supposaient que l’objectif de l’action précédente avait été de tester leur dispositif. Leur moral eût été meilleur s’ils avaient su que Kawaguchi pensait emporter la décision la nuit même. Son idée était d’attaquer la crête avec trois bataillons pendant que ses autres unités défendraient les flancs ouest et est du périmètre. Mais une longue et pénible marche dans la jungle les avait épuisés, et avait distendu ses communications, ce qui le gêna pour le contrôle de l’opération. Malgré tout, son attaque fut aussi forcenée que celle d’Ichiki. Le 13 à 21 h, Kawaguchi repartit à l’assaut. Deux de ses bataillons (près de 2 000 hommes) se ruèrent sur les pentes. Les mortiers des marines, bien défilés, envoyèrent une grêle d’obus sur les vagues d’assaut, aussi vite que les servants pouvaient recharger les tubes chauffés à blanc.
L’artillerie des marines, en position derrière les commandos, tirait salve sur salve. De l’autre côté, sept destroyers japonais bombardaient Henderson Field et le maintenaient sous un éclairage permanent de fusées. Sur la crête, les marines fléchirent mais ne cédèrent pas et les Japonais finirent par reculer. Peu après, ils revenaient à l’assaut avec la même férocité. Une fois encore, les défenses furent entamées mais pas rompues et les Japonais durent se retirer.
Deux heures plus tard, après une série de tirs de mortiers qui coupa les lignes de communications des marines avec Vandegrift et avec leur support d’artillerie, les Japonais purent s’avancer jusqu’à moins de 1 000 m d’Henderson Field. Ils furent repoussés à l’issue de l’un des corps à corps les plus sanglants de l’histoire de Guadalcanal. Ils lancèrent encore deux assauts avant l’aube, avec une impétuosité moins grande toutefois, et lorsque les chasseurs de Henderson Field commencèrent à canonner les bordures de la jungle en bas de la crête, Kawaguchi se résigna à se replier. Ses pertes dépassaient 1 200 hommes tués, blessés et disparus. Affamés, minés par la maladie, les restes de la 35e Brigade s’ouvrirent un chemin dans la jungle, pendant huit mortelles journées, jusqu’à Point Cruz, à l’ouest d’Henderson Field. Ils n’avaient plus d’autre armement que leurs fusils.
Commandos et paras avaient durement souffert eux aussi. Sur quelque 750 hommes débarqués le 7 août, les commandos en avaient perdu 234 et sur les 377 paras, il y avait 212 tués et blessés. Mais il était alors certain que les marines pourraient tenir Guadalcanal.
Le G.Q.G. de Tokyo ne partageait pas ce point de vue. La 38’ Division, aguerrie à Hong-Kong, Java et Sumatra, reçut l’ordre de gagner le sud Pacifique sous les ordres du général de C.A. Hyakutake qui commandait la XVIIe’ Armée. Simultanément la 2’ Division du général Maruyama, déjà sur place, devait être transportée à Guadalcanal. Toutes les opérations contre Port Moresby devaient être suspendues pour concentrer la totalité du potentiel des trois Armes sur la reprise de Guadalcanal. Le général Hyakutake transféra son Q.G. sur l’île où il avait à sa disposition une force de 20 000 hommes, avec artillerie lourde (un régiment plus trois batteries), un bataillon de mortiers et une compagnie de chars. Au cours des six semaines suivantes, les « courses de rats » de l’amiral Tanaka, baptisées « l’express de nuit de Tokyo » par les Américains, ne chômèrent pas et les marines se firent bombarder toutes les nuits. Fort heureusement Vandegrift aussi reçut quelques renforts : le 7e Régiment des marines, un bataillon d’artillerie, des compagnies motorisées de transport, du personnel de transmissions et, plus tard, le 164e régiment d’infanterie de plus de 6 000 hommes, ce qui porta ses effectifs à plus de 23 000 hommes. Tout aussi essentiel pour lui, le renforcement d’Henderson Field fut considérable. Sur le papier, les forces de Vandegrift étaient redoutables ; en réalité elles l’étaient assez peu. Bien que leurs pertes n’aient pas dépassé le millier, les marines souffraient en grand nombre de malnutrition, de dysenterie, d’infections virulentes, du manque total de confort et de repos. En fait, sur tout autre théatre d’opérations, plus d’un tiers de l’effectif eût été déclaré inapte. Le 23 octobre, la 2’ Division japonaise (quelque huit bataillons, 5 600 hommes) attaqua l’est du périmètre avec l’appui des chars.
Un tir d’artillerie très concentré stoppa la progression. Vingt-quatre heures plus tard, le général Maruyama fit attaquer par le sud, avec le gros de ses troupes, 7 000 hommes. Pendant deux jours, les Japonais se jetèrent à l’assaut des pentes au sud d’Henderson Field. Ils eurent même à un moment une enclave à l’intérieur du périmètre, et puis, comme la brigade de Kawaguchi, ils refluèrent dans la jungle, décimés et épuisés, après avoir perdu 3 500 hommes...
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